Quelles conséquences de l'effet de serre sur le climat ?
Des variations climatiques habituelles
Le climat de la Terre a connu des variations importantes au cours de son histoire. Périodes glaciaires et interglaciaires se sont régulièrement succédé, environ tous les 100 000 ans, provoquées par les variations cycliques de l'insolation (position de la Terre par rapport au soleil). Les paléo-climatologues ont découvert, à la fin des années 1980, qu'au cours de la dernière période glaciaire (-100 000 à -12 000 ans), cette relative stabilité du climat s'était accompagnée de variations importantes (de 5°C à 10°C) et rapides (quelques siècles) de la température.
L'étude des archives glaciaires a également permis de démontrer la corrélation, sur les 400 000 dernières années, entre l'augmentation des gaz à effet de serre et l'augmentation de la température. Sur cette même période, la concentration en dioxyde de carbone (CO2) et en méthane (CH4), qui a varié respectivement entre 200-280 ppmv, et 350-700 ppbv, atteint actuellement des niveaux jamais égalés (379 ppm et 1774 ppb).
Au cours du dernier millénaire, une période relativement chaude (XIème-XIVème siècles), appelée "période de réchauffement médiéval", a précédé une période relativement froide, "le petit âge glaciaire" (XVème- XIXème siècles).
Un réchauffement climatique durable
Le réchauffement soudain observé au XXème siècle est, de par sa rapidité et son importance (+0,6°C en moyenne en 100 ans), sans précédent au cours du dernier millénaire. Selon les experts, il ne peut pas être considéré comme un simple retour à la normale après "le petit âge glaciaire".
Le réchauffement semble en outre s'accélérer : les températures observées au cours de la décennie 1990 ont été les plus élevées du siècle, et même du millénaire. 1998 a été l'année la plus chaude à l'échelle planétaire depuis que les températures sont mesurées (1850). Les années 2002, 2003 et 2001 se situant respectivement en seconde, troisième et quatrième position.
En France, l'année 2003, marquée d'une canicule sans précédent, a été la plus chaude depuis 1950.
Les modèles climatiques prévoient un réchauffement de la planète d'environ +1,4°C à +5,8 °C, une élévation du niveau de la mer de 9 à 88 cm et une diminution de la couverture neigeuse. Plusieurs sujets seront ainsi impactés tels que les paysages, la faune et la flore, les sols, les ressources en eau ainsi que les activités et la santé humaines.
Source : GIEC - Bilan 2007 des changements climatiques - Rapport de synthèse.
Quelles pourraient être les conséquences socio-économiques d'un réchauffement durable du climat ?
Si un consensus s'est maintenant clairement dégagé au sein de la communauté internationale (Etats-Unis compris) sur la réalité du réchauffement climatique et le rôle causal joué par les émissions de GES d'origine anthropique, en revanche, les avis divergent encore sur les conséquences potentielles de ce phénomène.
En effet, l'impact du réchauffement climatique sur les milieux naturels, la santé et les activités économiques est directement lié à l'ampleur du phénomène. Suivant que l'on se situera en 2100 dans la fourchette basse des prévisions (+1,4°C) ou dans la fourchette haute (+5,8°C), des scénarios que l'on peut qualifier de ''modérés'' à ''catastrophiques'' sont envisagés. En tout état de cause, le réchauffement du climat a déjà et aura encore des implications, en particulier pour les pays en développement, plus fragiles et qui disposent de capacités d'adaptation moindres, et les zones côtières, directement menacées par l'élévation du niveau de la mer.
2005 : Quelques exemples de changements déjà observés |
Niveau des mers | Elévation de 10 à 20 cm depuis le début du XXème siècle |
Durée de gel des fleuves et des lacs aux latitudes moyennes et supérieures de l'hémisphère Nord | Diminution d'environ 2 semaines |
Glace marine arctique | Diminution de 40 % de l'épaisseur au cours des récentes décennies, de la fin de l'été au début de l'automne, et diminution de la superficie de 10 à 15 %, au printemps et en été |
Glaciers non polaires | Régression étendue au cours du XXème siècle |
Couverture neigeuse | Diminution de 10 % de la superficie a été observée depuis la réalisation d'observations par satellite au cours des années 1960 |
Phénomènes El Niño | Plus fréquents, plus longs et plus intenses au cours des 20 à 30 dernières années par rapport aux 100 dernières années |
Espèces végétales et animales | Déplacement vers les pôles et en altitude des plantes, insectes, oiseaux et poissons. Reproduction, floraison, et migration plus précoces dans la saison |
Récifs coralliens | Blanchiment plus fréquent, notamment pendant les phénomènes El Niño |
Source : GIEC - Bilan 2007 des changements climatiques - Rapport de synthèse.
2050 : Effets probables selon le GIEC |
Secteurs concernés | Changements envisageables | Conséquences |
Milieux naturels | Augmentation des températures maximales, du nombre de jours chauds, des vagues de chaleur | - Diminution de la couverture neigeuse, de la superficie et de l'épaisseur des glaces arctiques
- Elévation du niveau de la mer
- Accroissement de l'érosion des sols
- Augmentation des incendies de forêts
- Mise en péril de certains écosystèmes
- Diminution quantitative et qualitative de la ressource en eau
- Augmentation de la gamme et de l'activité des parasites
- Augmentation du stress thermique des animaux
|
Santé | Augmentation des températures minimales, diminution des jours de gel et des vagues de froid | - Augmentation des épidémies, notamment dans les pays les plus pauvres
- Augmentation des décès et des maladies graves chez les personnes âgées ou fragiles
- Développement des parasitoses
|
Activités économiques | Augmentation des sécheresses estivales Précipitations plus intenses | - Accroissement des dommages sur les cultures
- Diminution des rendements agricoles
- Augmentation du stress thermique des animaux d'élevage
- Modification des destinations touristiques
- Augmentation des dommages dus aux inondations, avalanches, coulées de boues
- Augmentation des dommages sur les fondations des bâtiments
- Sollicitations plus nombreuses des systèmes d'assurance
- Diminution du potentiel en énergie hydroélectrique dans les régions sujettes aux sécheresses
- Diminution des besoins énergétiques pour le chauffage et augmentation de ces besoins pour la climatisation
|
Source : GIEC - Bilan 2007 des changements climatiques - Rapport de synthèse.
Les changements climatiques prévus pourraient en entraîner d'autres et aboutir ainsi à des changements abrupts et non linéaires.
Le rapport publié par le GIEC, en 2001, indique que la plupart des modèles prévoient un affaiblissement de la circulation thermoaline océanique. Cela diminuerait le transfert thermique aux hautes latitudes de l'Europe, transfert qui permet aujourd'hui à la France d'avoir un climat beaucoup plus doux que celui du Canada, alors qu'elle est située à la même latitude.
Aucun modèle ne prévoit un arrêt soudain de la circulation thermoaline avant la fin du XXIème siècle. Mais certains modèles indiquent la possibilité d'un arrêt complet voire irréversible de la circulation thermoaline si l'évolution du forçage radiatif est suffisamment importante et suffisamment long après 2100.
L'Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC) a remis au ministre chargé de l'écologie son rapport 2009 relatif aux coûts des impacts du changement climatique. Ses conclusions sont alarmistes.
L'ONERC était chargé de statuer sur l'évaluation des coûts des impacts du changement climatique et sur la recherche de pistes d'adaptation pour la France métropolitaine aux horizons 2030, 2050 et 2100.
Source : Changement climatique, Coûts des impacts et pistes d'adaptation - Rapport 2009 de l'ONERC (rubrique Publications)